Elévation du niveau de l’océan revu à la hausse


Il y a un peu plus d’un mois, j’avais publié un billet dans ce blog relatant le fait que selon une étude, réalisée par des chercheurs et publiée dans les Comptes rendus de l’Académie américaine des sciences, la montée des eaux n’a jamais été aussi rapide depuis 3.000 ans. Cependant, la situation semble beaucoup plus préoccupante suite à une étude américaine publiée, jeudi 31 mars, dans la revue Nature. Les auteurs, Robert DeConto, de l’université du Massachusetts, et David Pollard, de l’université de Pennsylvanie, ont modélisé la contribution de l’Antarctique à l’élévation des mers et ont mis en avant la sensibilité de cette calotte glaciaire.

Sea Levels Could Rise Twice As Fast By The End Of The Century – Newsy (Ajoutée le 30 mars 2016)

Cette vidéo inclut des images et des documents de la NASA et du GIEC.
Cette nouvelle recherche tient compte de la fonte de l’Antarctique et de celle du Groenland dans ses modèles, que les chercheurs considèrent comme « souvent oubliée  » dans l’élévation du niveau de la mer.


Les chercheurs signalent que

« l’Antarctique pourrait contribuer à une élévation de plus d’un mètre du niveau de la mer avant 2100 et peut-être plus de 15 mètres pour 2500. »

Cela signifie que le total (Antarctique + Arctique) serait plus proche de deux mètres d’élévation du niveau de la mer d’ici à la fin du siècle, soit le double des évaluations données par le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) dans son dernier rapport (40 centimètres dans le meilleur scénario et entre 60 centimètres et 2 mètres en ajoutant la contribution de l’Antarctique) (Le Monde).

Un des auteurs de cette étude, David Pollard insiste sur le fait que ce sont des prédictions basées sur des modèles et a déclaré au New York Times :

« Nous ne sommes pas en train de dire que cela va arriver avec certitude. Mais je pense que nous pointons du doigt un danger auquel nous devrions porter plus d’attention. »

Cette étude ne suggère pas que la fonte dans l’Antarctique est déjà irréversible, mais ce modèle engage fortement à la diminution des émissions de gaz à effet de serre qui pourrait finalement infléchir de manière significative l’élévation du niveau de la mer.

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Les chercheurs qui ont réalisé cette étude montrent clairement que leur modèle a des limites et que le comportement humain peut modifier les résultats. Par exemple, le pire des cas envisagés dans l’élévation du niveau des mers en raison uniquement de la perte de glace de l’Antarctique en 2100 suppose que les émissions très élevées du dioxyde de carbone et d’autres gaz à effet de serre continuent. Si lors de l’Accord de Paris en décembre 2015, l’objectif de maintenir le réchauffement climatique « bien au-dessous » de 2 degrés Celsius a été adopté, il faut bien reconnaître que les engagements actuels au niveau des pays pour réduire ces émissions sont bien loin de cet objectif.

« DeConto et Pollard proposent ici un des modèles les plus sophistiqués qui représente l’écoulement de l’Antarctique dans son ensemble, explique Valérie Masson-Delmotte, paléoclimatologue et coprésidente du groupe 1 au sein du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC). Jusqu’ici, on ne pouvait pas prendre en compte l’Antarctique dans les prévisions de la montée des eaux. » Source : Le Monde 2016/03/30

DeConto et Pollard ont basé leurs projections à partir de l’étude de 2 « périodes chaudes » du passé qui ont donné lieu à des élévations de la mer beaucoup plus importantes :

  • la période datant du pliocène, il y a environ trois millions d’années
  • la dernière période interglaciaire, il y a 130 000 à 115 000 ans. (Voir Le Monde 30/032016)

Melt Antarctica – Penn State Research Communications

Sea level may rise almost 50 feet by 2500 due to Antarctic ice sheet melting if greenhouse gas emissions continue unabated.

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